Ligamentoplastie du ligament croisé antérieur « KJ »
Pathologie du genou
Qu’est-ce que la ligamentoplastie par technique Kenneth Jones ?
Docteur MARTIN, chirurgie orthopédique Bordeaux
Le principe consiste à remplacer le ligament rompu par une « plastie » prélevée au dépend du tendon rotulien. Le tendon rotulien est une partie de l’appareil extenseur du genou, unissant le pole inférieur de la rotule au tibia. Il est large de 30 mm au moins et sa longueur est suffisante pour franchir la distance, intra articulaire, entre le condyle externe du fémur et l’épine tibiale antérieure, zones d’insertion au ligament croisé antérieur.
Le transplant mesure 10 mm de large et il est constitué à chaque bout de 2 baguettes osseuses de 3 cm de long, solidaires à la partie tendineuse. Ces baguettes sont détachées de la rotule et du tibia. On obtient ainsi un transplant os-tendon-os.
Ce procédé est ancien et il précède chronologiquement le transplant « DIDT » prélevé dans les ischio jambiers. La technique a été adaptée à l’arthroscopie dans les années 90 et largement diffusée, notamment en France par des orthopédistes lyonnais.
Chirurgien orthopédiste à Bordeaux
En savoir plus sur la ligamentoplastie du ligament croisé antérieur par Kenneth Jones
La technique
Vue de l’appareil extenseur du genou
Le transplant est prélevé au tiers central du tendon rotulien entre la rotule et la tubérosité tibiale. Il est de longueur suffisante pour remplacer le LCA rompu
-> Profil de genou
-> Genou de face
Le TRANSPLANT « OS TENDON OS » est préparé puis calibré à 9 ou 10 mm de diamètre pour les baguettes osseuses. Des fils de traction permettent de diriger le transplant vers les tunnels, de même diamètre que les baguettes , à l’intérieur du genou. A l’aide de la caméra, les tunnels sont réalisés par des mèches guidées par des broches, qui reproduisent la direction des tunnels à l’insertion de l’ancien LCA.
Il n’y a que deux petites ouvertures de part et d’autre du tendon rotulien pour passer la caméra et les instruments. Le tunnel fémoral se fait de l’intérieur vers l’extérieur, sans franchir la corticale du fémur , c’est le principe du « tunnel borgne ».
Le transplant est attiré par les fils, dans le genou, du tunnel tibial vers le tunnel fémoral et la baguette fémorale vient se loger au fond du tunnel de même dimension.
-> VUE du TUNNEL TIBIAL avec la baguette tibiale définitivement fixée contre la paroi du tunnel, par une vis en acide polylactique résorbable, introduit sur une broche guide pour choisir le bon espace.
Même principe pour le tunnel fémoral :
Vis + broche guide
Baguette osseuse
Les avantages de la ligamentoplastie du ligament croisé antérieur " KJ "
- La fusion des baguettes osseuses dans les tunnels constitue une véritable « autogreffe osseuse dans un tunnel osseux » il procure une attache solide au transplant.
- La cicatrisation de la zone prélevée n’est pas pénible si le patient respecte les consignes, elle ne donne pas de raccourcissement du tendon rotulien.
- Les autres tendons sont ainsi préservés.
- Il permet de réaliser une « reprise de DIDT rompu » en prélevant sur le même genou un transplant différent et épargnant ainsi un prélèvement de DIDT sur l’autre genou, ce qui n’est pas recommandé malgré les pratiques que l’on observe parfois.
Les inconvénients de la ligamentoplastie " KJ "
- Le prélèvement est parfois source de tendinite post opératoire, par manque d’application des consignes (rééducation progressive, pas de course à pied trop précoce etc)
- Prélever l’appareil extenseur est souvent décrié par les patients nécessitant de l’extension, car une amyotrophie est observée
- Détacher les baguettes osseuses, passer le transplant dans les tunnels et le visser contre les parois comporte davantage de pièges techniques que le DIDT plus souple, ce qui pousse certains opérateurs à préférer le DIDT.
Cette opposition DIDT/KJ, un peu entretenue, fait couler beaucoup d’encre dans les revues spécialisées, il est prudent de maitriser les deux techniques car elles sont complémentaires et dans le cas de lésions multiligamentaires on peut généralement s’en sortir en prélevant sur le même genou, le patient garde un genou opposé intact.
Intervention et séjour en chirurgie orthopedique
Intervention par arthroscopie (caméra) et une cicatrice longitudinale en projection du tendon rotulien. Le transplant est maintenu en place par deux vis d’interférence en acide polylactique lentement résorbable, en pression dans les 2 tunnels.
La fixation biologique définitive sera obtenue par la consolidation des baguettes à l’interieur des tunnels du fémur et du tibia.
Lutte contre la douleur
Protocole appliqué par les anesthésistes avec relais par comprimés.
Sortie à domicile
Après un lever précoce post opératoire, visant à marcher avec l’attelle et plier le genou à 60°, le retour à domicile est possible si les antalgiques par voie orale sont suffisants. Une attelle est à porter pour marcher jusqu’à récupérer un verrouillage du genou par le quadriceps.
Un protocole de kinésithérapie est délivré avec des ordonnances de soins à domicile (pansements, anticoagulants en prévention d’une phlébite 3 semaines).
Kinésithérapie
Elle constitue la moitié du traitement : elle aide à progresser et récupérer une fonction du genou compatible avec la vie quotidienne. La première phase dure deux mois. Des séances de renfort et de « réathlétisation » peuvent être proposées à certains sportifs.
Reprise des activités sportives
- A 4 mois : le vélo et la natation sont autorisés.
- A 6 mois : la course sur terrain plat
- A 9 mois : reprise des entrainements en sport collectif si l’état du genou est compatible (lésions du cartilage etc…), pour la compétition il est nécessaire d’avoir récupéré toutes ses capacités.
Pronostic à long terme
La réparation d’une rupture isolée du LCA (le cas le plus simple) donne en général de bons résultats, environ 2/3 des patients retrouvent un niveau sportif équivalent.
Par contre, quel que soit la technique de ligamentoplastie utilisée, plus les lésions méniscales et cartilagineuses sont étendues au moment de l’entorse grave plus la fonction du genou risque de s’altérer. Il faut alors respecter une « économie articulaire » en choisissant des sports moins exigeants, en évitant les sports collectifs, les sports « pivot-contact » comme les arts martiaux mais aussi le squash et le tennis à haut niveau. Le ski reste un sport risqué car une nouvelle chute peut rompre le transplant du genou opéré : le port d’une genouillère de protection et le choix de descentes moins difficiles sont préconisées.
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